Au Maroc comme dans d'autres pays, il est plus difficile de prendre des photos spontanément en pleine rue passante. Certains photographes marocains même, sortent au petit matin quand il n'y a que chats et chiens errants susceptibles de pouvoir contester. La peur d'être vue est là, chez les passants et pour le coup, chez moi aussi ! J'ai donc choisis l'aveuglement, c'est à dire, prendre des photos à l' aveuglette, appareil posé sur le ventre, les mains dessus, un doigt sur le déclencheur. Personne ne me vois et je ne vois personne. Mon ventre me donne l'inclinaison, je le gonfle et voilà que l'objectif se dirige vers le ciel, je le creuse et il pointe vers le sol, mon souffle donne l'angle, mes légers pivotements du corps de gauche à droite créent le mouvement. Je dessine à la lumière, calligraphiques marches de passant-e-s anonymes, je ne vole pas l'âme des gens, je capte leurs mouvements, leurs couleurs et laisse leur identité derrière ce voile de pudeur qui laisse libre court à l'imagination. Le corps s'implique, la photographie se dessine. J'ai choisis de travailler à basse vitesse, à la fois pour obtenir des effets de mouvements et pour me rapprocher d'une esthétique picturale.                                                                   

                                                                                                                                                      Aziz Boumediene